La garde à vue de Frédéric Péchier, médecin anesthésiste a été prolongée de 24 heures ce mercredi 15 mai 2019 à Besançon (Doubs) selon le parquet. Son avocat Me Schwerdorffer ramène à la baisse le nombre de cas sur lequel son client est interrogé.
"Le parquet a prolongé pour un second délai de 24 heures la garde à vue de Frédéric Péchier" a déclaré le procureur de la République, Etienne Manteaux. L'interrogatoire s'achèvera au plus tard jeudi à 9H00.
A l'issue de la garde à vue, le procureur de la République tiendra une conférence de presse, elle aura lieu jeudi 16 mai à 17h30.
Parallèlement à la garde à vue, la direction ainsi que des personnels de la clinique Saint-Vincent de Besançon, où a exercé Frédéric Péchier, de même que des patients et des proches de patients sont entendus par les enquêteurs, épaulés par ceux de l'office central de répression contre les violences aux personnes. Me Spatafora et Me Randall Schwerdorffer se relaient depuis ce matin pour assister leur client.
Il n'a pas été placé en gardé à vue pour une cinquantaine de cas, c'est loin d'être la réalité... c'est moins
Hier soir vers 21 heures, l'un des avocats de Frédéric Péchier s'est adressé brièvement à la presse devant le commissariat de Besançon. L'avocat dément le chiffre d'une cinquantaine de cas d'événements indésirables graves sur lesquels serait interrogé le médecin. Des EIG survenus dans une clinique de Besançon où il travaillait.
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— France 3 Franche-Comté (@F3FrancheComte) 15 mai 2019
"Ce n'est pas ce qui a été porté à ma connaissance dans le cadre de la garde à vue, c'est très loin d'être une cinquantaine de cas, il n'a pas été placé en gardé à vue pour une cinquantaine de cas, c'est loin d'être la réalité... c'est moins" précise Me Randall Schwerdorffer qui s'agace que l'existence de cette garde à vue ait fuité. "J'ai peur que cette publicité donnée à cette garde à vue n'ait pour seule finalité que d'essayer de cautionner un dossier d'instruction qui je l'ai déjà dit est de plus en plus fragile" ajoute l'avocat.
"Je ne m'attendais pas à une nouvelle garde à vue. Cela fait plus de deux ans qu'on nous parle de cas supplétifs sans jamais avoir vu le moindre cas supplétifs" a déclaré l'avocat du médecin. "On a un dossier d'instruction qui je l'ai toujours dit n'a aucune preuve impliquant directement Dr Péchier dans les faits qui lui sont reprochés, un dossier extrêmement fragile. Nous avons ici un dossier que je ne connais pas puisque je n'ai pas eu accès aux éléments de la procédure, un dossier qui je n'en suis pas persuadé soit plus solide que celui qui est à l'instruction" contre attaque l'avocat.
La garde vue pourrait durer jusqu'à 48 heures
L'avocat décrit son client dans un esprit combatif. Dans quel état d'esprit se trouve le Dr Péchier : "Une garde à vue, c’est une violence. C’est très difficile. On a décidé de se battre. Frédéric Péchier est combatif, il donne ses explications et répondra aux questions des enquêteurs. C’est très dur. Il y a aussi sa famille qui subit toute cette procédure, et on aimerait que ça s’arrête. On a envie comme tout le monde d’arriver à la vérité, raison pour laquelle on va collaborer dans le cadre de cette garde à vue "explique Me Schwerdorffer. Son client est père de trois enfants.
"J’ai le sentiment qu’il y a une sorte d’acharnement judiciaire"
L'avocat ne détaille pas le fond de la garde à vue en raison du secret professionnel. "Le Dr Péchier a toujours dit la même chose : il n’a jamais été impliqué de quelle que façon que ce soit dans un acte criminel, dans un acte d’empoisonnement. C'est sa position depuis le départ, c'est toujours sa position à l'heure où je vous parle et je suis profondément persuadé, comme ses avocats, que le Dr Péchier gardera cette même défense" ajoute-t-il. L'avocat bisontin dit ressentir un acharnement judiciaire. "Effectivement j’ai le sentiment qu’il y a une sorte d’acharnement judiciaire, avec le fait d’avoir rendu publique cette garde à vue, le fait d’essayer d’intoxiquer l’opinion publique, et de mettre une sorte de pression sur les magistrats gérant ce dossier".
Lors de cette affaire qui a débuté il y a maintenant deux ans, rappelons que la défense a porté plainte pour des erreurs de retranscription constatées dans les procès verbaux de garde à vue de Frédéric Péchier.
"Oser qualifier le Dr Péchier de sérial killer est irresponsable"
Les mots de serial killer ont été employés dans certains média. "C’est consternant. Quand on voit l’absence d’épaisseur dans le dossier d’instruction, oser qualifier le Dr Péchier de serial killer est totalement irresponsable. Il ne faut pas oublier ce que cet homme a vécu depuis deux ans, et avec lui, ce qu'a vécu sa famille. Plutôt que de le penser coupable avant même qu’il soit jugé, comme la procureur de la République de l’époque, s’il est innocent, vous rendez-vous compte des dégâts occasionnés sur sa vie ?" lance l'avocat aux journalistes. Le docteur Péchier est désormais défendu par trois avocats.
Le médecin bisontin a été été placé en garde à vue le mardi 14 mai à 9 heures. Il serait interrogé selon une source judiciaire sur une cinquantaine de nouveaux cas suspects, des événements indésirables graves survenus dans une clinique où exerçait le médecin à Besançon.
A l'issue de cette garde à vue, si les éléments sont suffisants, le médecin devrait être présenté à un magistrat qui décidera ou non d'une mise en examen. Puis le juge des libertés et de la détention décidera si le suspect doit être placé en détention provisoire ou laissé en liberté sous contrôle judiciaire comme c'est le cas actuellement.
Frédéric Péchier, 47 ans, médecin anesthésiste avait été déjà mis en examen en mars 2017 pour "empoisonnement avec préméditation" soupçonné d'avoir empoisonné sept patients âgés de 37 à 53 ans. Les faits remontent à une période allant de 2008 et 2017. Les incidents d'anesthésie s'étaient déroulés lors d'opérations sans difficultés particulières dans deux cliniques privées de Besançon. Selon les investigations de la police judiciaire, des doses létales de potassium et d'anesthésiques locaux avaient été volontairement administrées aux patients. Elles ont provoqué des arrêts cardiaques. Cinq patients avaient pu être ranimés, deux étaient morts.
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